A défaut de sauver le Monde de l'Apocalypse, on va déjà essayer de sortir le pays de la Crise.
Elisabeth est venue en suivant une nuque blonde, depuis elle l'a perdue et ne sait pas ce qu'elle fait là.
J'ai une super formule pour relancer la croissance. Le problème c'est que je ne maîtrise pas le sumérien, et comme j'ai pas Facebook c'est ultra compliqué.
Elle ne sait jamais ce qu'elle fait, Elisabeth Ambrose, 26 ans, ci et là se déplace mais ne décide jamais. De rien, et pour personne, surtout pas pour elle-même.
La question c'est : est-ce qu'on fonctionne comme une secte à but non lucratif, ou est-ce qu'on doit monter une association type loi 1901?
Elisabeth comprend qu'il se passe quelque chose. Elle appelle qui elle peut, alors vous la rejoignez.
Les pavés, la courette, la loge, sûrement une loge, enjamber les tulipes, après cent mètres à gauche, fenêtre sur bégonias, vous êtes arrivés.
Elisabeth ne vous voit pas, vous êtes et resterez étrangers l'un à l'autre, que personne ne se fasse d'idée. Elisabeth, comme vous, saisit quelques échanges; des filles peignent des banderoles avec du sang de pigeons.
Modifier le réel est devenu impossible : pratiquer la magie est la seule solution.
Liberté, volonté, sororité.
Magie pour tous !
Ensemble, exorciser les cerveaux du spectre de Thatcher est possible.
Le talisman, c'est maintenant !
Il existe une alternative : il suffit de la formuler.
Le Parti du Cercle : mieux que l'indignation et les jeux en réseaux.
Tout placard à balai séquestre sa sorcière.
Elisabeth ne vous voit pas. Elle tente de comprendre où elle est, et pourquoi ci et ça, il se passe trop de choses, elle aimerait s'intégrer, sans trop savoir pourquoi. Enfin si, elle le sait. Elle s'ennuie. Tout le temps, elle s'ennuie. Ici, il y a Le Parti du Cercle, une femme en kimono, les grains d'encens sont noirs et les bougies violettes. La femme, elle s'appelle comme elle veut, du coup, cette fois, c'est La Sibylle.
La Sibylle, dans l'histoire, c'est l'Oracle, la Maîtresse du Jeu. Elle voit de temps en temps, sait lire, parle beaucoup, et chante aussi, malheureusement. La Sibylle est nomade, elle se promène en France, retournera en Italie.
Vous voici devant la Sibylle, Elisabeth profite de votre inattention, elle se faufile, hop, c'est son tour.
La Sibylle ferme les yeux. Dit : L'ange qui parle par ma bouche a une voix de grenouille. Elisabeth est déstabilisée. La Sibylle est très solennelle, son costume de cérémonie, de près, les broderies, c'est un sacré truc. Elisabeth, ça l'impressionne. Vous, nettement moins. La Sibylle, en fait, c'est juste Chloé Delaume en kimono Dévastée et même pas en duo avec quelqu'un de connu.
Elisabeth entend l'ange envahir sa tête, les syllabes nénuphars, comment écrire l'étang, dis-moi petit golem, quel goût a ton limon; es-tu, mon enfant satisfaite, c'est ce qui résonne dans sa tête, combien de princes, et de princesses, quels baisers, quels soupirs, combien de lunes passées sans le chant des grenouilles.
Elisabeth ne vous voit pas. Et vous n'entendez rien du festin des grenouilles. Par contre, le long silence, sa blancheur à faire mal, les lèvres d'Elisabeth qui soudain ne tremblent plus. Vous vous en souviendrez peut-être.
Elisabeth a répondu : Je veux être ma vraie nature.
C'est ensuite, et seulement ensuite, que les ennuis ont commencé.
*
C'est à vous de répondre :
Si Demander, c'est obtenir.
Une question : que demandez-vous?